Historiquement, les tiers à un contrat administratif (marché public, concession) n’étaient recevables à contester la légalité de ce contrat que par le biais d’un recours contre l’acte portant approbation de contrat, acte qui lui était détachable (Conseil d’État, 4 août 1905, Martin).
Or, cette voie de recours apportait peu de succès contentieux à qui osait s’y aventurer.
Non seulement l’illégalité de l’acte détachable (par exemple une délibération du conseil municipal) ne rejaillissait pas nécessairement sur la légalité du contrat, mais surtout, le juge administratif n’avait pas le pouvoir d’annuler le contrat dans ce cadre.
Cela aboutissait à des situations guère satisfaisantes où, malgré le constat de l’illégalité du contrat, ce dernier continuait à être exécuté si le requérant ne saisissait pas ensuite le juge du contrat.
Par deux décisions majeures (CE, 16 juillet 2007, n° 291545, Société Tropic Travaux Signalisation et CE, 4 avril 2014, n° 358994, département de Tarn-et-Garonne), le Conseil d’État a ouvert aux tiers la possibilité de demander directement au juge l’annulation d’un contrat administratif, par la voie d’un recours en contestation de validité (recours « Tarn-et-Garonne »).
La voie de recours contre l’acte détachable du contrat a, ce faisant, quasiment disparu du contentieux.
Cette voie de recours perdure notamment en ce qui concerne les actes détachables des contrats de droit privé conclus par l’administration (CE, 5 décembre 2005, n° 270948).
Et elle a été confinée à un état résiduel s’agissant des actes détachables d’approbation d’un contrat administratif, qui ne peuvent être contestés que s’ils émanent d’une autorité distincte des parties contractantes, portent sur un contrat déjà et sont nécessaires à son entrée en vigueur (CE, 2 décembre 2022, n° 454318).
En définitive, qui entend obtenir l’annulation d’un contrat administratif doit exercer un recours en contestation de validité de ce contrat.
C’est du champ d’application très large de cette voie de recours dont il a été question dans l’affaire jugée par la Cour administrative d’appel de Marseille.