À l’inverse, et jusqu’à récemment, le titulaire d’un marché public, ne disposait pas de la possibilité de résilier, à son initiative, un marché public, et ce même en cas de manquement de l’acheteur public à ses obligations contractuelles.
Toutefois et progressivement, la jurisprudence a octroyé – mais de façon très encadrée – la possibilité au titulaire d’un marché public de résilier ce dernier.
Cette opportunité résulte d’une décision du Conseil d’État, Société Grenke location, en vertu de laquelle le juge administratif a considéré que :
« Considérant que le cocontractant lié à une personne publique par un contrat administratif est tenu d’en assurer l’exécution, sauf en cas de force majeure, et ne peut notamment pas se prévaloir des manquements ou défaillances de l’administration pour se soustraire à ses propres obligations contractuelles ou prendre l’initiative de résilier unilatéralement le contrat ; qu’il est toutefois loisible aux parties de prévoir dans un contrat qui n’a pas pour objet l’exécution même du service public les conditions auxquelles le cocontractant de la personne publique peut résilier le contrat en cas de méconnaissance par cette dernière de ses obligations contractuelles ; que, cependant, le cocontractant ne peut procéder à la résiliation sans avoir mis à même, au préalable, la personne publique de s’opposer à la rupture des relations contractuelles pour un motif d’intérêt général, tiré notamment des exigences du service public ; que lorsqu’un motif d’intérêt général lui est opposé, le cocontractant doit poursuivre l’exécution du contrat ; qu’un manquement de sa part à cette obligation est de nature à entraîner la résiliation du contrat à ses torts exclusifs ; qu’il est toutefois loisible au cocontractant de contester devant le juge le motif d’intérêt général qui lui est opposé afin d’obtenir la résiliation du contrat » (CE, 8 octobre 2014, n°370644, Société Grenke location).
Il s’ensuit qu’il est possible pour les parties à un marché public, qui n’a pas pour objet l’exécution même d’un service public, de prévoir dans ce dernier une clause permettant au titulaire du marché public de le résilier en cas de défaillance de la personne publique dans ses obligations contractuelles (CE, 19 juillet 2016, N°399178).
Une telle possibilité est toutefois limitée puisque le titulaire du marché public doit nécessairement permettre à l’acheteur public de s’opposer à la résiliation pour motif d’intérêt général.
À ce titre, il est toujours permis à l’acheteur public d’invoquer un motif d’intérêt général pour justifier de la nécessité de poursuivre l’exécution du marché public en cause.
Dans une telle hypothèse, le titulaire du marché public n’a alors d’autre choix que de poursuivre son exécution, sous peine de voir prononcer la résiliation dudit marché public à ses torts exclusifs.