La loi dite « Sapin II » propose une approche préventive et de responsabilisation des entreprises pour lutter contre la corruption à travers la « compliance ».
Sur le fondement de son article 17, certaines entreprises ont l’obligation de mettre en place un programme de conformité :
Le programme de conformité anticorruption requis au titre de l’article 17 de la loi Sapin II repose sur 8 composantes fondamentales :
- La mise en place d’un code de conduite intégré au règlement intérieur
- L’organisation d’un dispositif d’alerte interne. Notons à cet égard que cette même loi définit et impose la mise en œuvre d’une protection spécifique du lanceur d’alerte
- La conduite d’une cartographie des risques de corruption
- Une procédure d’évaluation des tiers avec lesquels l’entreprise est susceptible d’interagir
- L’existence de procédures de contrôles comptables visant à s’assurer que les flux financiers ne dissimuleraient pas des actes de corruption
- La formation et sensibilisation en interne des cadres et professionnels concernés
- L’organisation d’un régime disciplinaire permettant de sanctionner les salariés de la société en cas de violation du code de conduite
- Un dispositif de contrôle interne permettant d’évaluer et d’assurer l’effectivité des mesures mises en œuvre
Pour s’assurer du respect de ces obligations par les entreprises assujetties, la loi Sapin II a institué un organe de contrôle et de sanction : l’Agence française anticorruption (AFA).
Différents pouvoirs lui permettant d’accompagner les acteurs dans la lutte contre la corruption sont confiés à l’AFA :
- Un pouvoir de contrôle permettant de vérifier la réalité et l’efficacité des mécanismes de conformité anticorruption mis en œuvre ;
- Le pouvoir de prononcer des sanctions pécuniaires pouvant aller jusqu’à 200 000 euros pour les personnes physiques et jusqu’à 1 million d’euros pour les personnes morales. Cette sanction peut s’accompagner d’une publication ou d’une diffusion de la décision d’injonction ou de sanction pécuniaire – ce qui peut ajouter au volet financier de la sanction, un volet réputationnel.
L’AFA met régulièrement à jour ses recommandations – les dernières datant du 4 décembre 2020 – pour accompagner les entreprises assujetties aux obligations de la loi Sapin II à prévenir des faits de corruption et autres atteintes à la probité. Trois objectifs ressortent de ses recommandations : prévenir les risques, les détecter et remédier aux insuffisances constatées.
Les PME et les petites ETI qui ne seraient pas assujetties à l’obligation de mettre en place un tel dispositif aux dispositions de la loi Sapin II, ont toutefois tout intérêt à son déploiement. Dans une enquête publiée par l’AFA, l’agence rappelle que ces mesures anticorruption valent aussi bien pour faire prospérer les relations d’affaires que pour assurer une protection contre la commission d’actes de corruption, de prise illégale d’intérêts ou de trafic d’influence. En effet, outre les amendes de l’AFA, les entreprises soupçonnés d’avoir commis des actes de corruption s’exposent à des poursuites pénales.
En 2020, cette même enquête révèle que la moitié des PME et petites ETI ont décidé de mettre en place un programme anticorruption auquel elles ne sont pas assujetties.