Notre cabinet d’avocats a récemment publié une série d’articles sur La Tribune, Snacking.fr, Village de la Justice et La Revue des Compotiers notamment, mettant en avant les difficultés que les professionnels du secteur de l’immobilier commercial pourraient craindre, pour financer l’acquisition d’un fonds de commerce.

Sébastien Lavastre

Sébastien Lavastre, chargé de dossiers au sein de FIDANCE (Groupe SFC), a souhaité réagir et partager ses analyses à ce sujet. Pour lui, si les Banques font certes preuve de beaucoup d’exigence dans l’étude des dossiers de financement, elles n’ont pas pour autant arrêté de financer les cessions de fonds de commerce, bien au contraire. Retrouvez ses analyses et points de vue en exclusivité pour NovLaw Avocats, cabinet expert en cession de fonds de commerce.

Sébastien Lavastre : J’ai souhaité réagir à l’article du 29 Janvier paru sur snacking.fr. Dans cet article il est indiqué à plusieurs reprises qu’en raison du contexte COVID les établissements bancaires sont de plus en plus frileux, voir réfractaires, à octroyer des financements.

En ce qui concerne le Prêt Garanti par l’État les établissements bancaires ont distribué +/- 130 milliards d’euros depuis le début du contexte COVID sur une enveloppe de 300 milliards d’euros. Avec un taux de refus de +/- 2,8% d’après les données de la Banque de France. Toujours d’après les données de la Banque de France, l’accès au financement bancaire pour les TPE, quel que soit son objet, s’est même amélioré sur le quatrième trimestre de l’année 2020 par rapport à 2019 à la même période (87% des demandes accordées VS 71% en 2019). Les PME ne sont pas en reste, elles ont aussi bénéficié d’un accès au financement bancaire facilité avec 90% des demandes accordées sur le quatrième trimestre de l’année 2020.

Au-delà des statistiques de la Banque de France, nous constatons concrètement cette tendance sur les demandes de financement des clients que nous accompagnons. Et ce quel que soit le type d’opération ou le secteur d’activité.

Le secteur du CHR est indéniablement le secteur qui a été le plus impacté depuis le début du contexte COVID. Confinement, couvre-feu, re confinement, télétravail … selon une étude de FOOD SERVICE VISION la consommation hors domicile a perdu 27,3 milliards d’euros en 2020 et il est difficile d’avoir une quelconque visibilité sur 2021. Partant de ce constat, il est logique que les demandes de financement sur ce secteur d’activité fassent l’objet d’une analyse plus fine et d’un tri plus sélectif. Ou plutôt d’un retour à des fondamentaux.

L’établissement bancaire va d’abord apprécier la cohérence entre l’expérience du candidat et le projet qui lui est présenté. Prenons l’exemple du rachat d’un restaurant, ce dernier devra nécessairement avoir une expérience réussie en cuisine ou s’associer avec un professionnel expérimenté.

Il va ensuite s’intéresser au prix de cession du fonds de commerce ou des parts sociales de la cible. Dans le premier cas, l’établissement bancaire va à la fois confronter ce prix à des normes sectorielles établies généralement sur un pourcentage du CAHT, et s’intéresser à la qualité des éléments comptables du cédant. Dans le cas d’une cession de parts sociales, l’établissement bancaire s’intéressera notamment aux techniques de valorisation qui ont été appliquées pour déterminer leur prix.

Il terminera son étude par l’analyse du compte de résultat prévisionnel et sa cohérence économique, il veillera notamment à contrôler que la rentabilité dégagée permet d’assurer le remboursement de l’emprunt sollicité. Dans le cas d’un montage type LBO, elle s’assurera notamment que le dividende à remonter au holding ne représente pas une part significative du résultat net de l’exploitation. L’objectif étant qu’elle puisse se constituer une réserve de fonds propres suffisante pour accompagner sa croissance et faire face à d’éventuelles difficultés.

Crédit vendeur et financement bancaire ne sont pas des sources de financement qui s’opposent, bien au contraire ! La présence d’un crédit vendeur dans un plan de financement rassure l’établissement bancaire, il peut également compenser un manque d’apport.

Quand le porteur de projet est expérimenté, que son projet est viable tant d’un point de vue économique que financier, et que les conditions de l’investissement sont dans les normes usuelles, les établissements bancaires acceptent sans réelles difficultés la demande de financement. Nous constatons également que les conditions commerciales sont actuellement très favorables, nous avons par exemple obtenu un taux de 0,65% sur 84 mois pour la reprise de fonds de commerce de Boulangerie-Pâtisserie dans le cadre d’une première installation.

Les établissements bancaires sont à la recherche de « bon risque » pour équilibrer, dans leurs bilans, l’augmentation significative de leur exposition au risque de crédit généré par les volumes de PGE qu’ils ont distribué. Même si ce risque a d’ores et déjà été provisionné dans la plupart des cas.

FIDANCE est un cabinet de conseil en financement créé en 2007 par Audrey Barros après une expérience bancaire d’une vingtaine d’années. Nous avons rejoint le Groupe SFC, cabinet d’expertise comptable présent sur l’axe Paris / Lyon / Marseille, en tant que département spécialisé en 2016.

Covid 19 et financement de l’acquisition de fonds de commerce