Équivalent français de la justice négociée Anglo-Saxonne, la CJIP permet aux personnes morales mises en cause pour corruption, trafic d’influence, blanchiment, blanchiment aggravé ou blanchiment de fraude fiscale de négocier avec le parquet :
- le versement d’une amende au Trésor public, dont le montant sera fixé de « manière proportionnée aux avantages tirés des manquements constatés dans la limite de 30 % du chiffre d’affaires moyen annuel calculé sur les trois derniers chiffres d’affaires annuels connus à la date du constat de ces manquements ».
- la mise en œuvre d’un programme de mise en conformité comprenant une ou plusieurs mesures de prévention et de détection. Ce programme de conformité est alors contrôlé par l’Agence française anticorruption.
Bien que le PNF en soit à l’initiative, la CJIP doit toute de même être homologuée par un magistrat du siège qui s’assurera de la régularité de la procédure et de la conformité des mesures convenues. Elle permet aux personnes visées d’échapper à la poursuite du parquet et offre ainsi la possibilité de prononcer l’extinction de l’action publique si la personne poursuivie respecte son engagement convenu dans la CJIP.
Ce mécanisme est l’arme déterminante du PNF dans sa lutte contre les délinquances économique et financière. La CJIP a largement fait ses preuves pour attester de son efficacité en tant qu’alternative aux poursuites pénales réservée aux personnes morales avec 20 CJIP validées depuis 2016.
Plus récemment, la loi du 24 décembre 2020 complète le mécanisme de CJIP en introduisant la possibilité de conclure des CJIP en matière environnementale qui permet de proposer à une personne morale visée par des délits prévus dans le code de l’environnement de conclure une CJIP et d’échapper aux poursuites pénales en contrepartie :
- Du versement d’une amende d’intérêt public au Trésor public.
- De la mise œuvre d’un programme de conformité contraignant.
- De la réparation du préjudice écologique dont elle est à l’origine.
Confirmant le succès du mécanisme de la CJIP, le PNF est venu clarifier les conditions dans lesquels les entreprises pourraient en bénéficier, à travers la publication de lignes directrices sur la mise en œuvre de la CJIP en janvier 2023.
Avec 5 CJIP prononcées en 2023, le bilan de cette année est positif. A titre d’exemple, le 15 mai 2023 (publiée le 17 mai 2023), une CJIP est conclue[4] entre le procureur de la République financier et la société Guy Dauphin Environnement (Groupe Derichebourg) au terme de laquelle cette société devra verser une amende de 1 230 000 d’euros pour des faits de trafic d’influence dans le cadre de l’obtention de la délivrance d’une autorisation d’installation d’un centre d’enfouissement de résidus de broyage automobile dans l’Orne.
Plus récemment, le 28 novembre 2023 (publiée le 4 décembre 2023), une amende d’intérêt public de 13 373 000 d’euros est prononcée à l’encontre des sociétés SEVE GROUP SARL et SEDIVER SAS pour mettre fin à des poursuites pour corruption d’agent public étranger.
Le montant des 5 amendes prononcées par les CJIP conclues en 2023 entre le procureur de la République financier et les personnes morales s’élèvent à plus de 246 000 000 d’euros.