La réintroduction de l’obligation d’information des proches
Le Conseil constitutionnel a prononcé l’abrogation, à compter du 31 décembre 2025, des mots « en l’absence d’opposition connue ou attestée du défunt » figurant au deuxième alinéa de l’article L. 2223-4 du CGCT.
Il a en effet jugé que l’absence d’obligation d’information des tiers susceptibles de faire connaitre l’opposition du défunt à la crémation, « les dispositions contestées ne permettent pas de garantir que la volonté attestée ou connue du défunt est effectivement prise en compte avant qu’il soit procédé à la crémation de ses restes. Elles méconnaissent ainsi le principe de sauvegarde de la dignité de la personne humaine »
La décision précise également qu’en l’attente de l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi, « le maire doit informer par tout moyen utile les tiers susceptibles de faire connaître la volonté du défunt du fait qu’il envisage de faire procéder à la crémation des restes exhumés à la suite de la reprise d’une sépulture en terrain commun. »
Cette décision semble s’inscrire dans un contexte de progression constante du droit à l’information des proches en cas de reprise de sépulture. En effet, en cas de reprise d’une concession arrivée à échéance, le Conseil d’État avait déjà jugé : « [qu’] il appartient au maire de rechercher par tout moyen utile d’informer les titulaires d’une concession ou leurs ayants-droits de l’extinction de la concession et de leur droit à en demander le renouvellement dans les deux ans qui suivent » (CE, 11 mars 2020, n°436693).
La loi dite « 3DS » a ensuite intégré cette obligation au sein de l’article L. 223-15 du CGCT. Or, un simple affichage dans le cimetière n’est pas suffisant (Question n°14489 du député M. Antoine Villedieu du 23 janvier 2024 et réponse du 23 avril 2024). De même, un courrier au concessionnaire ne permet pas aux communes de s’exonérer de leur obligation d’information (CAA de Nancy, 23 novembre 2021, n°19NC02091).
Aussi, s’il s’agit d’une réelle avancée pour la protection des dernières volontés des défunts, la décision du conseil constitutionnel risque de conduire en pratique à une renonciation à la crémation des restes mortuaires exhumés. Il est bien malaisé de retrouver la trace des proches du défunt cinq ans après son inhumation. La problématique du manque de place au sein des cimetières risque de s’en trouver aggravée.